Astoria releva avec précision ses cheveux en une queue de cheval haute et admira le résultat dans le miroir. Aucun détail n’était laissé au hasard. Tout avait son importance. A la tombée de la nuit, ils partiraient en mission, chasser une créature obscure attirant un peu trop l’attention sur lui. Les risques lui semblaient minimes même si elle ne prenait pas les choses à la légère, d’autant plus que Lisandro serait de la partie. La jeune chasseuse avait beau avoir entièrement confiance en ses capacités, il n’en restait pas moins son petit frère et elle avait fait la promesse de veiller sur lui quoiqu’il arrive. Elle prenait son rôle très à cœur, peut-être trop parfois quitte à devenir légèrement étouffante. Leur lien était unique et fort. Frère et sœur. Un petit sourire s’afficha sur son visage à cette pensée. Elle jeta machinalement un regard à la photo qui trônait sur sa table de chevet : Les deux enfants Giovannoti à l’aube de leur adolescence. Elle avait indéniablement beaucoup de chance. La jeune femme attrapa ses poignards et les fit tourner dans ses mains avant de les ranger dans sa tenue. Sa stèle dans la poche : elle se sentait enfin entière.

Les couloirs étaient calmes. A cette heure, la plupart des shadowhunter étaient à l’entraînement ou à l’extérieur pour remplir les missions qu’on leur avait confiées. Eux avaient encore un peu de temps, le jour commençait seulement à décliner. Astoria ne croisa que quelques personnes qu’elle gratifia d’un sourire comme à son habitude. Sa bonne humeur était flagrante. Ses pas la menèrent inconsciemment vers l’endroit où elle avait le plus envie d’être. La porte était entrouverte, elle la poussa avec douceur, restant dans l’encadrement. « Salut Lis’ » Elle croisa les bras, le regardant avec douceur pendant quelques minutes vaquer à ses occupations, non sans ressentir une pointe de nostalgie, avant de s’asseoir sur le lit. « Comment va mon petit frère préféré qui n’a même pas pris la peine de venir me voir ce matin ? » le taquina t’elle avec son air faussement vexée.

Astoria se leva d’un bond et s’approcha de Lisandro : «  25 ans et toujours incapable de s’habiller correctement » dit-elle en remettant correctement son haut qui dépassait négligemment de son pantalon. « Qu’est ce que tu ferais sans moi ! » Elle en profita également pour resserrer un peu sa propre coiffure. Elle lui tendit sa veste : « Prêt pour ce soir ? » Une mission de routine rien de plus.

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Astoria était une grande sœur qui prenait parfois beaucoup de place, même si elle s’était assagit au fur et à mesure des années. Lisandro n’était plus un adolescent qui avait besoin d’être guidé à longueur de temps. Il avait grandi et doucement son rôle allait tendre à s’effacer de plus en plus. Bien entendu, elle veillerait toujours sur lui, mais elle avait appris avec le temps qu’il devait lui aussi faire ses propres erreurs. La différence c’était qu’elle serait toujours là pour les réparer. Dans l’encadrement de la porte, elle l’observait s’affairer comme à son habitude avant de lui signifier sa présence verbalement. Il devait, sans aucun doute, déjà l’avoir perçu. La jeune femme s’avança dans la chambre et s’assit sur le lit, faisant remarquer à son petit frère qu’il n’avait pas pris la peine de passer la voir aujourd’hui tout en affichant une mine boudeuse. Il lui demanda de ne pas lui en vouloir. Elle haussa les épaules.  « Je vais y réfléchir. Je ne te promet rien. » Elle le taquinait, il était pardonné avant même qu’elle n’ait terminé sa phrase. Et puis de toute façon comment résister à ce petit air de chien battu. Il savait très clairement y faire.

Le jeune Giovannoti eut un mouvement de recul en voyant Astoria se lever d’un bond, bien déterminé à remettre en place les vêtements de son petit frère. Lorsqu’elle avait une idée en tête c’était presque impossible de l’en faire dévier. Ils étaient du genre têtus dans la famille. Elle remit ses vêtements en place sans le ménager.  « Ose me dire que j’ai tord... » Il n’objecta pas. Au moins, maintenant qu’il avait vingt cinq ans, elle n’avait plus à le plaquer au sol comme lorsqu’ils étaient enfants. Il était aussi en capacité de se défendre. Le sourire d’Astoria s’aggrandit lorsqu’il avoua qu’il était incapable de s’en sortir sans elle.  « Il faudra bien un jour ! » même si elle n’était pas prête de le lâcher. Il allait encore l’avoir sur le dos pendant très longtemps… Du moins c’est ce qu’elle pensait. Elle ajouta en s’approchant du miroir  « Au moins pour l’habillage ! Franchement tu es assez grand et beaucoup trop mignon pour te laisser aller. Prends exemple sur ta grande sœur si parfaite ! » Elle lui fit une grimace. Aucun d’eux n’y croyait.

Astoria serra son frère dans ses bras et déposa sa tête sur la sienne. Elle aime ce contact, c’était tellement rassurant. Lisandro n’était pas quelqu’un qui aimait s’étendre en publique mais elle arrivait toujours à le faire fondre. Une fois à nouveau libre de ses mouvements, elle lui tendit une veste, qu’il refusa en la reposant. Elle leva les yeux au ciel sans faire de remarque pour une fois. Il ne voulait pas aller en mission, il avait certaines réticences.  « Tu es aussi bien placé que moi pour savoir qu’on ne peut pas y aller seuls. Surtout avec ce genre de créatures. » Lisandro l’entourait de ses bras. Ensemble ils ne risquaient rien. Comment quelque chose pourrait il arriver ? Pourtant son frère semblait persuadé que ce n’était pas une bonne idée. Il ressortit le regard de chiot en proposant de ne pas y aller et de plutôt se balader. Elle soupira. C’était tentant.  « On ne peut pas ! » Elle se retourna et tenta de trouver les mots justes.  «  Par contre on peut faire un compromis. On boucle rapidement la mission et en rentrant ont fait un long détour ! On étouffe ici ! On a besoin d’espace !  Et potentiellement d’un verre !»

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Astoria veillera toujours sur Lisandro. C’était une certitude qu’elle avait acquise alors qu’elle n’était encore qu’une enfant, alors qu’on lui tendait son petit frère pour qu’elle le tienne dans ses bras. Malheureusement, elle était aussi consciente qu’une vie de chasseur était rythmée par de nombreux dangers, imprévus menant très souvent vers une mort jeune et sûrement assez violente. Pour le moment les choses s’étaient toujours bien passées, et la jeune femme avait confiance en l’avenir. Elle retrouverait toujours le chemin vers Lisandro. Elle savait aussi que, même si elle refusait cette pensée, et aimait dire haut et fort comme à ce moment là qu’il ne s’en sortirait jamais s’en elle, que ce n’était pas le cas, son petit frère avait beaucoup de ressources. L’atmosphère se détendit alors qu’elle fit semblant de réfléchir sur un probable pardon et déclara sa propre perfection. Elle haussa les épaules en l’entendant et répliqua : « c’est ce que j’aime entendre ! »

La journée allait se terminer sur une mission. Astoria n’était pas mécontente de pouvoir s’éloigner un peu de l’institut, de prendre un peu l’air et une bonne décharge d’adrénaline comme à chaque fois qu’ils se retrouvaient confrontés à un danger. C’était leur devoir de s’y rendre et même si Lisandro ne semblait pas avoir la tête à courir après une créature obscure, elle saurait le convaincre. Il ne tarda pas d’ailleurs à accepter l’évidence, se défendant en évoquant un mauvais pressentiment. Astoria avait l’habitude d’écouter ce genre de choses. L’instinct était parfois la seule chose qui leur permettait de rester en vie.  « Nous ferons attention. C’est tout l’intérêt d’y aller en groupe. Le chance de se faire surprendre est moindre… Et puis on surveille toujours les arrières l’un de l’autre.  »] La jeune femme avait l’argument qui allait le faire changer d’avis et faire disparaître cette tête de chien battu qui allait finir par lui briser le coeur. Il jouait avec ses faiblesses sans une once de remords. Son meilleur atout était le compromis. Aller en mission mais prendre son temps ensuite et passer un peu de temps ensemble loin de ses quatre murs. Lisandro accepta avant de la piquer de façon sournoise. Elle ouvrit la bouche et croisa les bras en signe de protestation.  « Comment oses-tu ! J’ai une taille de guêpe ! Je suis toute fine ! C’est toi qui n’a pas assez de force ! Regarde tes petits bras ! » Elle lui donna un petit coup dans l’épaule comme pour démontrer sa théorie. Son petit frère avait gagné en répondant.

Lisandro lui proposa une petite sortie avant la mission. Elle jeta un coup d’oeil à l’heure : effectivement, ils avaient encore un peu de temps et puis n’était-elle pas venu jusqu’à lui dans cet optique ? Elle le rejoignit sur le lit.  « Je ne suis pas contre ! Tu sais ce qui me plairait bien ? Qu’on prenne un peu de hauteur ! Ca fait un moment que je n’ai pas pris le temps de simplement me poser un peu, discuter et profiter de la vue. » Astoria s’entraînait beaucoup et son côté hyperactif lui faisait toujours avoir la tête à gauche ou à droite.  «Même si je risque de ne pas tenir très longtemps... » Son estomac se fit entendre :  « Au moins le temps d’un repas ! Des objections ? »

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